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Ces lieux exceptionnels à découvrir dans le Val de Somme

Entre histoire, nature et dépaysement.

Ecrit par Valentin

15 Juil, 2021

 Un an et demi. C’est le temps qu’il aura fallu pour que nous puissions sortir enfin de notre cocon. C’est cependant une relation durable que j’ai tissé avec Mélanie et Eric de Val de Somme Tourisme, et il était plus que temps de leur rendre une petite visite afin de préparer non pas une, mais deux vidéos, ainsi que plusieurs articles, photos et circuits thématiques pour découvrir le Val de Somme, autrement.

Le Val de Somme, c’est où ? C’est quoi ?

Le Val de Somme, comme son nom l’indique, est une région administrative située dans la Somme. C’est une des nombreuses vallées encaissées du fleuve de la Somme et qui s’étend, en gros, du Sud d’Albert jusqu’à l’Est d’Amiens, sur une surface de près de 250 kilomètres carrés.

Les paysages typiques du Val de Somme sont plutôt rares et dépaysants pour la région Hauts-de-France : véritable poumon vert de la Métropole Amienoise, le paysage est dominé par le fleuve de la Somme qui serpente et crée des vallées encaissées, venant former ça-et-là des marais, des étangs, des tourbes. Nous pouvons également noter la présence de deux rivières (et donc deux vallées supplémentaires) affluentes venant se jeter dans la Somme : l’Ancre, prenant sa source vers Albert, et la petite rivière de l’Hallue.

Le territoire a été fortement marqué par l’homme : de l’époque gallo-romaine en passant par le Moyen-Âge, la Renaissance et l’époque moderne, c’est surtout la Grande Guerre qui a profondément remanié les consciences. Le Val de Somme, c’est également Corbie, une vraie cité qui a rayonné sur toute l’Europe avec son ancienne Abbaye Saint-Pierre, devenue aujourd’hui l’une des abbatiales les plus iconiques de France. Terre d’histoires à partager… Ici, tout est sujet à la découverte et au dépaysement. Justement, c’est l’occasion pour nous de vous présenter les lieux incontournables et exceptionnels du Val de Somme pour préparer une belle journée de découverte en terre samarienne…  A moto (ou pas). En selle !

La diversité des paysages du Val de Somme : de l’eau, des champs, de la verdure.

En venant d’Arras, nous descendons par le Sud en gagnant des paysages caractéristiques de l’Artois : Boiry Saint Rictrude et sa sucrerie, Bucquoy, Puisieux, les cimetières d’Hébuterne, Mailly-Maillet et ses murs de châteaux… Avant d’arriver dans le premier village du Val de Somme, au Nord : Warloy-Baillon.

Le long de la D179 et de la D23, ça commence bien : on remonte vers un superbe virage en S et tout ce que l’on aime dans les vallées encaissées de la Somme, du dénivelé et des bosquets. Même si le petit Ténéré fait des siennes et n’est pas ultra performant, c’est toujours un plaisir de découvrir du pays et d’avaler les bornes !

C’est beau.

Heilly et le château virtuel

En tournant directement à gauche après avoir glâné quelques petits virages (des courbes, comme diraient les Sudistes), je gagne le petit village d’Heilly qui, même s’il semble parfaitement innofensif et endormi à ce jour, a été l’un des plus glorieux villages de la Somme par le passé. La raison ? Son château et ses légendes, aujourd’hui en ruines et caché par la végétation.

Dans le passé, le château d’Heilly était immense et splendide, on l’appelait même le Petit Versailles. Il y a plusieurs siècles, cet ouvrage était magnifique : jardins à la française, parcs, orangerie… Les origines du château remontent au 8è siècle ! La légende voudrait que Ganelon, l’un des personnages de la chanson de Roland, aurait trouvé refuge à Heilly et aurait jugé ici. Ganelon, fils de Griffon, le comte d’Hautefeuille… Pas étonnant que les habitants d’Heilly soient appelés les Hautefeuillois !

Aujourd’hui complètement abandonné et appartenant à des propriétaires privés, il ne reste que quelques parties visibles depuis le ciel : une terrasse supérieure, des rampes d’escalier, les murs de clôture, la basse-cour et un pavillon encore devinable dans la végétation.

Quelques vestiges du château d’Heilly

Ce qui frappe avec le château d’Heilly, c’est surtout son grand canal, immensément long et prévu au départ pour se prolonger jusqu’à Ribemont-sur-Ancre, 2km plus loin ! Aujourd’hui il n’en reste que de la végétation, et également quelques vestiges qui montrent la superbe de ce lieu. Qu’il devait être beau de se promener à proximité de cet endroit au 18è siècle…

Et c’est pour cela que je vous en parle, car il est possible de s’y promener en réalité virtuelle ! L’expérience est disponible dans les locaux de Val de Somme Tourisme et c’est assez rare pour le souligner mais c’est extrêmement immersif ! Terrasses du château, vue panoramique sur le grand canal, découverte du domaine par le marquis du château… Vivez une expérience incroyable, comme si vous étiez propulsés dans le 18è siècle !

Château d’Heilly : D52 (Rue Notre-Dame), 80800 Heilly. Fermé aux visiteurs et propriété privée.

Visite virtuelle : se renseigner auprès de Val de Somme Tourisme. Du mardi au samedi à 16h30, durant l’été. 8€ (+12 ans), 4€ (6-12 ans). 03 22 96 95 76

Les ruines du château d’Heilly. A découvrir dans sa globalité avec Val de Somme Tourisme

Chipilly et le belvédère gallo-romain

Direction le Sud-Est du Val de Somme en reprenant l’axe principal du Val de Somme : la D1, allant de Corbie à Vaux-sur-Somme. Sur cette route, plusieurs petits monuments glanent l’attention, comme le site du Crash du Baron Rouge, Manfred Von Richthofen, héros de l’aviation allemande ayant abattu plus de 80 avions entre 1916 et 1918. Le 21 avril 1918, il fut abattu en vol vraisemblablement par un militaire australien en pleine campagne samarienne. Une stèle sur la route commémore cet évènement. Le temps de continuer la route, un autre monument commémore la 3è Division Australienne. Puis un cimetière. Et un autre. Tout ici rappelle la Grande Guerre et le territoire a été profondément marqué par les conflits. Avant d’arriver sur Chipilly en passant par le petit village de Sailly-Laurette, l’ambiance change radicalement et on profite des petits virages longeant la Vieille Somme et ayant encore façonné le paysage avec des étangs et des marais. Mais la Première Guerre Mondiale n’est jamais loin, et le monument de la 58è division britannique, appelé l’Artilleur Britannique et représentant un soldat réconfortant son cheval blessé. Une représentation exceptionnellement rare de la violence animale lors de la Grande Guerre. Un véritable chemin de croix pour les amoureux du tourisme de mémoire. 

Quelques-uns des paysages de mémoire que l’on trouve le long des routes du Val de Somme.

C’est après plusieurs minutes de route à travers les campings, les chalets et les marais que se trouve le Belvédère du Camp César. C’est une halte bucolique après avoir vu tous ces monuments et compris leur signification !

Sur cette butte, les Gaulois avaient installé un oppidum pour se défendre de l’invasion romaine, en profitant en plus des défenses naturelles de la Somme, des marais et du pic abrupt juste devant le camp. Bon, ça n’aura pas suffi… Car les Romains ont envahi les lieux et y ont installés un camp, d’où le nom « Camp César ». C’est un des nombreux oppidums de la Somme, qui aura connu plusieurs conflits en étant pile-poil entre les Anglais et les Français de Paris. C’est pour cela qu’on y trouve bon nombre de châteaux et d’installations médiévales !

Belvédère de Chipilly : Rue d’Etinehem, 80800 Chipilly. Accès libre.

La vue depuis le belvédère est incroyable !

Villers-Bretonneux et le Hamel, la mémoire au coeur du Santerre

Le temps de retourner sur mes pas qu’un autre lieu se devine au loin. En faisant une petite incursion dans le Pays du Coquelicot, à Méricourt-sur-Somme (avant de très vite revenir dans le Val de Somme à Morcourt), j’emprunte un petit chemin champêtre pour gagner le plateau du Santerre, d’enrouler quelques courbes et de découvrir les clochers et les villages perchés autour de la Somme.

Le Santerre, c’est un plateau immense qui s’étend d’Amiens à Saint Quentin, et dont on reconnait la géologie au loin : c’est plat. C’est long. C’est rempli de lieux industriels, de sucreries, de conserveries et de champs céréaliers. Il n’y a que ça.  On en oublierait presque que la Première Guerre Mondiale a fait des ravages partout ici. Il a fallu reconstruire et se préparer à revivre, et c’est en passant devant l’église de Lamotte-Warfusée que je me rends compte de l’ingéniosité des architectes pour faire quelque chose de moderne et de vraiment visible. La preuve : cette église, on la voit de quasiment partout dans le Val de Somme.

Avez-vous vu ce clocher ? Gigantesque et en béton. Rare dans la région.

Mais c’est pas ça qui m’intéresse, moi, ce que je veux voir, c’est du mémoriel. Et là, je peux vous le dire : on est vraiment bien lotis. A commencer par l’Australian Corps Memorial à le Hamel.

 

 

Quel soleil. Quel temps ! Et quel monument.

Sur ce mémorial, on se recueille d’abord, et on apprend ensuite : situé en haut du village éponyme, le mémorial de Le Hamel permet de comprendre et de revivre (par le biais de bornes explicatives) la bataille du 4 Juillet 1918 menée par le héros libérateur de la Somme : le général John Monash. Cette bataille est restée dans l’Histoire pour avoir été l’une des plus courtes de la Grande Guerre : 93 minutes, gagnée grâce à la combinaison de tous les moyens matériels mis à disposition pour écraser les armées allemandes et préserver l’humain. C’est d’ailleurs suite à cette bataille que Georges Clémenceau viendra prononcer un discours aux troupes australiennes après leur victoire.

Fait intéressant, on y retrouve également l’une des tranchées utilisées lors de cette bataille qui a été précieusement conservée. L’été arrivant, elle se remplit de coquelicots et donne des paysages lunaires …

Le temps de reprendre la route pour faire quelques bornes (et une longue ligne droite, pour le coup) et regagner la deuxième plus grande ville du territoire : Villers-Bretonneux. Une ville au riche passé industriel ayant plusieurs anciennes cordonneries et industries textiles, mais surtout ayant été le lieu ou a été arrêté l’offensive allemande. Et c’est pour ça qu’ici, en repartant pour aller sur Corbie, on y trouve le Mémorial National Australien de Villers-Bretonneux.

Le monument de Villers-Bretonneux sous le soleil.

Dominant la colline après Villers-Bretonneux et faisant face à Amiens, je ne peux qu’être subjugué par cet impressionnant édifice inauguré dans les années 30 par les Australiens. Précédé d’un vaste cimetière, il rend hommage aux 11 000 soldats australiens disparus au cours de la Grande Guerre. N’oubliez pas de gravir l’escalier qui vous emmène au sommet de la tour et vous livre une vue 360° sur la campagne environnante, sur les sites australiens du front de l’ouest…

Si vous avez également une petite heure devant vous, je ne peux que vous conseiller de vous rendre au Sir John Monash Centre pour y découvrir une impressionnante collection d’objets laissés par les Australiens en 1918. J’ai été transporté et subjugué par ce splendide musée aux thématiques diverses et aux expériences inoubliables. Mention spéciale à la scénographie centrale, une véritable médiation culturelle pour vous faire vivre ce qu’on vécu les troupes australiennes lors de la Bataille de Le Hamel et la reprise de Villers-Bretonneux.

 Australian Corps Memorial : 4 Chemin de Sailly Laurette, 80340 Le Hamel. Accès libre.

 Sir John Monash Centre : Route de Villers-Bretonneux, 80800 Fouilloy. Parking et Musée gratuit. 03 60 62 01 40

Quelques photos du Sir John Monash Centre

L’Abbatiale de Corbie 

La fin du voyage ! Enfin, la fin… Ce que je vous dévoile ici n’est qu’une mise en bouche, toute la découverte se fait à l’intérieur de certains bâtiments, certains trésors sont cachés et reclus dans le Val de Somme et ce serait un véritable bonheur de pouvoir vous faire découvrir toutes ces choses et ces histoires merveilleuses autour de cette belle région.

Ligne droite, petits virages pour regagner Vaire-sous-Corbie puis Vaux-sur-Somme et passer devant les étangs de la Barette et le belvédère Sainte-Colette. Ces étangs, intégralement construits par l’homme, le site est creusé au VIIe siècle par les moines de l’abbaye de Corbie afin d’y extraire de la pierre calcaire nécessaire à la construction et aux restaurations successives de l’immense abbaye de Corbie. Au fur et à mesure des siècles, la carrière étant très exploitée, une falaise s’est créée. Après avoir extrait les pierres, le terrain devient inexploité et la rivière finit par inonder régulièrement ces terres. Les moines de l’abbaye décident alors de recreuser dans leurs anciennes carrières pour créer des étangs artificiels, dans lesquels ils mettent de nombreux poissons, leur permettant d’avoir des réserves en nourriture. La nature y a repris peu à peu ses droits pour nous offrir ces paysages lunaires.

Avouez, c’est plutôt joli. Allez.

Après un bon coup de fraicheur nous arrivons sur Corbie, l’une des plus jolis détours des Hauts-de-France. Petite bourgade de 6.000 habitants, cette ville a rayonné sur tout l’Europe au Moyen-Âge grâce à son immense abbaye Saint-Pierre. Fondée au VIIè siècle par la Reine des Francs, la femme de Clovis II, Bathilde, cette abbaye était directement rattachée sous l’autorité du Pape et contrôlait plus de 200 paroisses sur plus de 20.000 hectares ! Aujourd’hui il ne reste que l’Abbatiale de cet immense édifice et ses deux tours significatives. C’est ici qu’a été fondée l’ancêtre de notre écriture moderne, la minuscule caroline qui donnera naissance à la minuscule d’imprimerie. C’est ici également que dorment des reliques des quelques-uns des plus grands personnages chrétiens en Europe, notamment deux Saints et un Pape. Mais pour faire la visite, ce sera dans un prochain article 😉 Si le temps le permet, partez à l’ascension de la tour sud pour profiter d’une vue panoramique sur la Vallée de la Somme baignée par la lumière du matin…

Abbatiale de Corbie : Rue Charles de Gaulle, 80800 Corbie. Se rapprocher de Val de Somme Tourisme pour visiter l’Abbatiale. 03 22 96 95 76

Allez, avec tous ces lieux à visiter, vous avez une belle journée devant vous. Venez quand il fait beau, vous allez pouvoir en profiter un max. A bientôt pour de nouveaux trésors à découvrir !

La fin de parcours nous est réservée à Pierrefonds. Le temps de profiter d’un petit coup à boire sur le site de la perle de l’Oise qu’il est déjà temps de repartir… Après une journée intense en surprise et en découvertes. Un immense merci aux participants !

 

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